Encore en marge chez les particuliers, les cultures hors-sol font pourtant bien partie du paysage français. Entre mythes et réalité, comment fonctionnent ces cultures souvent qualifiées de non-naturelles ?
La science naturelle appliquée
Il est souvent difficile d’imaginer un végétal pousser si ses racines ne sont pas enfouies dans la terre qui les nourrit. Pourtant, depuis longtemps, on utilise le système des cultures hors-sol pour produire des fruits, des légumes et des fleurs, sans terre. Le plus ancien exemple date des Jardins suspendus de Babylone.
- L’hydroponie : la plante est installée dans un substrat inerte au lieu de terre, lui-même constamment irrigué. On mélange à l’eau une solution riche en nutriments pour les plantes. C’est ainsi qu’elles peuvent croître. L’eau (en circuit fermé et pompée régulièrement) est l’élément clé, de même que le contrôle de variables telles que la température, le taux d’humidité et de lumière, le dosage de nutriments. Le potager d’intérieur Lilo, dont nous avons parlé dans un précédent article, utilise l’hydroponie.
- L’aquaponie : il s’agit aussi d’hydroponie mais au lieu de verser directement des engrais dans l’eau, on élève des poissons (pisciculture) qui, par leurs déjections et respirations produisent les nutriments nécessaires aux plantes. L’eau est ensuite directement versée sur le substrat inerte protégeant les racines des cultures.
- La bioponie : les engrais utilisés en hydroponie sont chimiques. La question se pose alors du devenir des eaux usées contenant des restes de produits. La bioponie est donc l’hydroponie mais en utilisant uniquement des engrais biologiques.
- L’aéroponie : à la différence de son ancêtre l’hydroponie, l’aéroponie n’emploie même plus de substrat pour supporter les racines de la plante. On installe les racines de la plante dans une chambre noire et la solution nutritive est pulvérisée directement et continuellement sur les racines.
Avantages et inconvénients des cultures hors-sol
L’hydroponie est une méthode culturale ancienne qui bénéficie maintenant des avancées technologiques. Pouvoir mesurer précisément les besoins des plantes et leur procurer ce dont elles ont besoin pour garantir des récoltes abondantes est déjà dans l’air du temps : 70% de la production française de tomate est cultivée hors-sol. Si ce type de culture demande un contrôle constant, les fruits et les fleurs poussent beaucoup plus vite qu’en pleine terre. De plus, on réalise une importante économie d’eau puisqu’on estime que l’hydroponie utilise 70 à 90% d’eau en moins par rapport à une culture en terre. Enfin, un système hydroponique est stérile, donc pas de germes à redouter ; il en va de même pour les parasites et ravageurs. Côté inconvénients, si une plante tombe malade, le risque de transmission à l’ensemble de la plantation est élevé et les dépenses énergétique liées à un système de culture hydroponique sont importantes (lumière, chauffage etc.). L’aéroponie n’en est encore qu’à ses balbutiements, même si certains estiment que l’accroissement de ses rendements est suffisamment intéressant pour être étudié. Affaire à suivre. Bien que controversées, les cultures hors-sol semblent une solution raisonnable aux problèmes de gestion et de manque d’eau dans certains écosystèmes ainsi qu’à la limitation des pollutions liées à l’agro-alimentaire.