Épisode #9 de notre voyage autour du monde des jardins. Dans l’Empire du Milieu, le jardin chinois est un art sacré, inscrit dans une tradition millénaire : la reproduction miniature et terrestre du paradis.
Une histoire ancienne et légendaire
Sous la dynastie des Han (de -206 à -220), les jardins chinois se multiplient sans pour autant suivre de règles particulières, ni esthétique. On recherche le délassement et le divertissement ; le jardin est plus un parc vert où l’on pratique la chasse. Sous les Tang puis les Song (de 960 à 1279), l’environnement prend une plus grande place dans la conception du jardin chinois et quelques aménagements esthétiques sont ajoutés. Enfin, sous les Ming et les Qing (de 1368 à 1912), l’art du jardin chinois atteint son apogée esthétique avec les jardins des souverains et des privilégiés riches : le jardin devient le symbole de la réussite sociale et politique. Dans les temps qui suivent, posséder un jardin devient plus abordable et populaire auprès des classes aisées : il devient un lieu de méditation autant qu’un lieu de vie. Cette typologie de jardin se retrouve donc dans différentes parties de la société comme les monastères, la cour et la bourgeoisie.
Le jardin chinois : entre symbolisme et spiritualité
Le jardin chinois est un paradis sur terre, où l’on boit l’élixir de vie qui procure l’immortalité. La légende raconte qu’il se situe au sommet d’une montagne, dans une myriade d’îlots, au milieu de la mer. Pour les Chinois, il représente la célébration de l’harmonie entre le Ciel et l’Homme. Chaque élément composant le jardin chinois porte une symbolique particulière. Chaque élément doit donc être choisi en fonction de cette symbolique et non en raison de son aspect esthétique. Ce jardin est le reflet de la Nature, on y privilégie la qualité plutôt que la quantité, un principe fondamental du Feng-shui : « moins est mieux ». Il ne s’agit alors pas de maîtriser la Nature mais de la sublimer.
Le jardin chinois est un espace complexe, utilisé comme :
- zone de détente et de distraction : on se détend, on chasse, on lit de la poésie
- lieu pour méditer : les règles du Feng-shui forment les lignes du jardin et chaque élément doit être mis en valeur pour assurer les meilleures conditions de méditation
- sphère de vie : le jardin chinois procure plus de confort de vie, une pièce de plus dans la propriété
Les éléments fondamentaux du jardin chinois
Le jardin chinois représente l’harmonie entre l’eau et la pierre, le yin et le yang. Outre ces deux piliers, l’architecture et la grande variété de végétaux et d’animaux sont les deux autres éléments importants du jardin chinois. À la différence du jardin japonais, tous ces éléments doivent être placés librement et sans symétrie, en utilisant l’environnement à disposition et ses contraintes, sans les transformer ou les maitriser mais en les harmonisant.
- La pierre : symbole de la montagne, elle influe sur la destinée du propriétaire. On la retrouve sous forme de rocher aux formes tourmentées, représentant l’incertitude et le « wei » - l’équilibre précaire, ou sous la forme d’une montagne « shan », symbole du paradis terrestre.
- L’eau –« shui » : elle influe sur la bonne fortune du propriétaire. L’eau a des vertus apaisantes et favorise la méditation et la contemplation. Elle rappelle le précepte taoïste « le faible triomphe du fort ». Elle peut être une cascade, un bassin ou encore un ruissellement.
- L’architecture : il existe de nombreuses constructions telles que la pagode, le kiosque, le pont etc. qui servent de point de contemplation pour le visiteur. Le jardin est clairement séparé des autres espaces de vie avec un mur d’enceinte et est parcheminé de galeries et de chemins.
- Les plantes et les animaux : dans l’idéal, le jardin chinois devrait intégrer tous les éléments de l’Univers en miniature. Chaque végétal et animal est chargé d’un symbole. Par exemple, le magnolia pour la richesse, le bambou pour l’éthique et la sobriété, le lotus pour la pureté ; la tortue pour la longévité, la carpe pour la persévérance.