Le point histoire
Ce sont des plantes sauvages étroitement liées aux cultures, notamment aux céréales. Elles sont annuelles ou vivaces et leur cycle biologique est comparable à celui des céréales. Elles poussent dans les champs et sont capables de survivre aux labours. Elles germent à l’automne ou au printemps et grandissent parmi les cultures céréalières. Elles sont peu concurrentielles et parviennent difficilement à se maintenir dans d’autres conditions, ce qui fait leur particularité au sein du groupe des “adventices” : les plantes qui poussent dans une culture sans y avoir été semées. Ces plantes constituent un patrimoine naturel unique, aujourd’hui menacé.
Messicole : les messicoles sont des plantes annuelles à germination préférentiellement hivernales habitant dans les moissons (Phillippe JAUZEIN dans le Monde des plantes, 1997, N°458 : page 19 à 23).
Les plantes messicoles viennent à l’origine de Mésopotamie et de Turquie. Elles poussaient parmi d’autres plantes que les hommes sélectionnèrent pour leurs qualités nutritives, comme le blé, le seigle, l’orge ou le lin. En récoltant les graines des cultures céréalières, les hommes récoltaient dans le même temps les graines des plantes messicoles et contribuèrent ainsi à leur propagation jusque dans nos régions. Tant que les techniques de culture étaient traditionnelles, les champs étaient colorés de coquelicots, de bleuets des champs, de pensées, de camomilles, de renoncules des champs ou encore de nielles des blés. Avec l’avènement de l’agriculture de masse, les plantes messicoles sont en voie de disparition dans nos champs.
Photo : Fédération des chasseurs du Gers, Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées, 2009
Pourquoi sont-elles importantes ?
Considérées par beaucoup et longtemps comme des « mauvaises herbes », les plantes messicoles ont un intérêt pour la biodiversité, la pollinisation et l’alimentation de la faune auxiliaire des cultures.
Le couvert et le gite pour les insectes
En offrant abri et nourriture aux insectes, les plantes messicoles participent à la pollinisation des espèces cultivées (80% des plantes à la base de notre alimentation sont pollinisées par des insectes !) et à la lutte contre les ravageurs des cultures. Leur floraison étalée dans le temps permet aux pollinisateurs de s’alimenter de la fin de l’hiver jusqu’à l’automne, alors que les plantes cultivées leur fournissent une ressource abondante. Par exemple, les coquelicots, comme toutes les papavéracées (Papaver, Glaucium, Hypecoum), produisent un pollen abondant, recherché par les insectes. Ces espèces attirent et accueillent les pollinisateurs et contribuent ainsi au maintien de toute la communauté végétale.
Des parades naturelles contre les ravageurs
Excellent moyen alternatif pour le maintien d’une biodiversité végétale dans les cultures, la préservation des plantes messicoles permet de lutter naturellement contre les ravageurs et de limiter voire de stopper l’usage des produits chimiques. La présence des messicoles favorise la présence des auxiliaires des cultures, dépendants des plantes sauvages pour se reproduire et se nourrir. Les relations plantes – pollinisateurs sont étroites et toute perturbation de l’une des communautés conduit à un déséquilibre de l’ensemble. Une communauté riche et diversifiée de plantes messicoles permet de sécuriser la chaîne alimentaire en offrant graines, plantes et insectes.
Pied d’alouette d’Espagne en bordure de culture de céréales sur le causse du Larzac. photo : L. Gire / CBNPMP
- Le tri et la provenance des graines
- Les amendements et les techniques de culture
- L’usage des phytosanitaires
- La réduction des traitements phytosanitaires
- Le labour limité en profondeur et en fréquence
- La rotation des cultures privilégiant les céréales d’hiver